Comment allez-vous ?
Comment je vais ? Plutôt pas mal, confiné sur les toits du CEFCM, comme en témoigne les photos (prises de ma terrasse) ; il y a pire ; je me rends compte tous les jours de la chance que nous avons de vivre dans un tel environnement et avec de l’espace. Par rapport à ceux qui sont coincés dans des appartements en ville ou dans des pays qui n’ont pas le niveau de prise en charge exceptionnel qui est le nôtre, c’est presque un luxe. Merci l’État providence et le service public.
Je suis seul dans mon bâtiment de pierre, en passerelle ; tout l’équipage a posé le sac à terre. La plupart sont en télétravail, quelques-uns en garde d’enfants. Il y a quelques arrêts maladies dont deux pour des cas de Covid-19, mais à priori sans gravité excessive et l’une d’entre nous, à la retraite dans quelques jours – la fête ça sera plus tard…. Idem pour les 350 stagiaires qui étaient présents dans les formations du centre lorsque nous avons été confinés et avec lesquels, grâce à l’engagement sans faille de l’équipe du CEFCM, formateurs ou assistantes, nous gardons un lien fort. La plupart attend avec impatience la reprise des formations.
Le boulot continue pour moi, seul à bord. Cela fait paradoxalement plus de travail que d’habitude, je ne vois pas le temps passer. C’est complexe de piloter des équipes à distance. Il a fallu trouver des outils, des méthodes, changer les processus, communiquer autrement. Le plus important c’est de garder le contact, de partager les informations – nombreuses, qui arrivent de partout – et surtout, pour un manager, de répondre à tout le monde, de prendre des décisions, de trouver des solutions, de rassurer, de faciliter le travail de chacun. Beaucoup de contacts directs avec des stagiaires qui ont besoin d’information, de précisions, de comprendre leur statut actuel, leur positionnement, les suites prévisibles. Le rôle informatif est autant social que lié aux problématiques propres à la formation.
Les formateurs ont conçu des méthodes de formation en ligne, d’accompagnement, avec des plateformes, des classes virtuelles, de la mise à disposition de cours et d’exercices. Le plus complexe reste la partie pratique et l’acquisition du geste professionnel avec le travail sur machines, matériels ou simulateurs qui reste lui quasiment impossible. Les assistantes, une fois les outils installés à la maison et le rythme trouvé ont une activité presque normale. Le télétravail restera sûrement une solution que nous continuerons d’explorer par la suite, tout comme la formation à distance sur laquelle nous étions déjà engagés. Le plus compliqué reste quand même le cadre réglementaire qui n’est pas suffisamment adapté ou suffisamment souple pour permettre la mise en œuvre de tout ce que nous pourrions faire mais… nous sommes en France ; c’est le pendant de la présence exceptionnelle de l’État dont je parlais tout à l’heure.
En résumé : ingénierie de formation à plein pot, travail administratif toujours aussi dense, formations qui redémarrent petit à petit en ligne mais chiffre d’affaires à 0 depuis le 17 mars. Il nous faudra surmonter cela mais nous comptons sur nos financeurs, banquiers et clients pour être là quand nous aurons besoin d’eux.
Et puis des engagements solidaires : dès le début de la crise le CEFCM a mis son matériel médical, ses masques à disposition des soignants et des aidants. Nous avons a pris soin de protéger nos stagiaires, nos collaborateurs, leurs familles. Il y a quelques jours, à distance, grâce à Yannick Le Cam, patron de l’Intermarché de Concarneau, nous avons mobilisé plus de 15 structures maritimes et redistribué une commande de 120 000 masques chirurgicaux qu’il avait réussi à trouver et à mis à disposition des entreprises locales et de la filière halieutique. Grâce à cela plusieurs activités vont pouvoir redémarrer et être protégées.
Comme j’ai beaucoup de temps pour moi, j’ai aussi ressorti mon saxophone de sa boîte…
Comment préparez-vous la sortie de crise/la reprise ?
Nous maintenons nos liens avec nos stagiaires et nos clients afin d’en perdre en ligne le moins possible mais certains abandonnent les formations où se tournent vers d’autres activités. Beaucoup souhaitent pouvoir retravailler à la saison d’été et quelques entreprises maritimes vont énormément souffrir de cette crise et ne seront pas en possibilité de pérenniser leur effort de formation.
Nous lançons en ligne tout ce qui est possible et permis par les textes, lorsque formateurs et stagiaires possèdent les outils leur permettant d’avancer depuis leur domicile.
Nous travaillons sur un calendrier de reprise glissant car nous ne connaissons pas aujourd’hui la date exacte à laquelle cela sera possible, en tenant compte des nouvelles contraintes : matériel, économiques, lieux de formation, calendrier, intervenants… Nous resterons sûrement ouverts en période d’été afin de finir les formations programmées, l’incertitude porte sur le fait que nos clients nous suivrons ou pas sur cette période.
Nous avons scénarisé les impacts économiques et les décisions à prendre compte tenu des différentes hypothèses de reprise et de continuation de l’activité, anticipé les reports de congés, les situations possibles de chômage partiel.
Nous continuons à enregistrer les inscriptions pour les prochaines formations, à traiter les dossiers administratifs et financiers, à préparer la saison 2020-2021, à adapter nos procédures, anticiper tout ce qui peut l’être.
De quoi avez-vous besoin ?
Personnellement de voir ma famille, mes enfants, qui se trouvent à 1000 km. De fêter mon anniversaire avec mes potes ; J’ai eu 60 ans la semaine passée que j’ai fêté seul mais avec tous les gens que j’aime virtuellement présents autour de toi. D’aller boire une bière en terrasse et d’honorer la trentaine de repas prévus avec tous ceux qui m’ont dit, on partagera un moment convivial après… D’aller respirer dans mes montagnes et de sentir l’odeur du foin coupé.
Pour le centre, que nos clients nous suivent, nous soutiennent, restent présents ; que nos créanciers patientent, nos financeurs reportent leurs accompagnements et qu’on puisse lisser dans le temps les pertes prévisibles.
Qu’on tire ensemble les leçons de cette circonstance exceptionnelle avec nos administrateurs, les branches professionnelles, les partenaires institutionnels, les entreprises, les administrations de tutelle pour en dégager les opportunités et mettre plus de souplesse et de réactivité dans nos capacités adaptatives.
Que le monde de demain ne soit plus le même que celui d’hier et qu’on comprenne que l’économie c’est d’abord la gestion des relations d’échange entre les êtres humains.
Merci encore une fois à vous de prendre soin de nous, c’est normal pour une agence de « communication » dont le mot signifie « mettre en commun, faire part, partager ».
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