À 73 ans, André Fidelin, Maire sortant de Concarneau ne briguera pas un troisième mandat. Il va désormais se consacrer à sa famille et à des projets personnels et nautiques… l’occasion de demander à celui qui reste encore pour quelques mois le premier magistrat de la ville, ce qui fait selon lui l’identité maritime de Concarneau.
Qu’est-ce qui fait l’ADN maritime de Concarneau selon vous ?
"La maritimité de Concarneau est d’abord liée à son histoire avec la pêche. Concarneau a été le plus grand port sardinier et thonier. De cette époque de mono économie de la pêche, il reste aujourd’hui deux belles conserveries que sont Gonidec et les mouettes d’Arvor dont le dirigeant va d’ailleurs recevoir la légion d’honneur cette année et la conserverie Jean Burel qui se développe et construit une nouvelle usine. Bien que leurs thoniers naviguent sur l’Océan Indien, les armements français de pêche thonière restent tous basés à Concarneau."
Plus spécifiquement ?
"Avec le départ des navires hauturiers qui représentaient autrefois de forts tonnages et de nombreux emplois, Concarneau a muté vers la seule pêche côtière mais a su développer une grande diversité d’activités, plus spécialement dans le domaine de la construction et de la réparation navales qui est un axe prospère. L’interprofession du port réunit un grand nombre d’acteurs qui sont des professionnels reconnus bien au-delà de nos frontières.
La diversité c’est aussi la voile avec l’arrivée de François Gabart (FG concept) et le développement des évènements nautiques comme le tour de Bretagne, le Tourduf et en avril prochain la transat AG2R. Sans oublier les vedettes à passagers qui ont un intérêt touristique et génère une économie importante qui se répercute sur le commerce, la restauration."
Est-ce figé ou bien cela évolue-t-il au fil du temps ?
"La pêche périclite, il faut l’accepter car cela va dans le sens de l’évolution du secteur. Les moyens colossaux spécialement logistiques doivent être mutualisés sur des places commerciales comme Lorient ou le Guilvinec. Mais le port lui ne périclite pas, il change. Cette diversité, que je qualifie d’attractive, évolue sans cesse et est empreinte de positivité. Je pense à Kairos et la R&D, à la fondation eXplore et des initiatives comme Under The Pole. Sans oublier le MNHM et son travail sur la biodiversité marine. Concarneau c’est aussi l’avenir avec la formation maritime à l’INB comme au CEFCM. Un port en mutation permanente mais toujours dans une prospective positive. Peut-être parce qu’il a la particularité d’être un port dans la ville ou bien pourrions-nous dire que Concarneau est une ville dans un port, donc toujours en parfaite osmose avec ses activités maritimes."
Et vous, votre maritimité ?
"Ma maritimité est personnellement plutôt tournée vers la voile. Je prends un grand plaisir à naviguer. Pour une sortie à la journée ici les îles Glénan sont un point de chute facile. J’aimerais aller plus loin et je projette de voguer vers des contrées plus lointaines dans un futur proche."
Votre lien avec Concarneau ?
"Avant de devenir maire en 2008, c’est ma profession qui m’a amené à Concarneau en 1998. J’ai très vite été conquis par le cadre de vie et la proximité avec la mer. J’ai eu l’opportunité d’acheter un premier bateau, un Brio et au fil du temps c’est tout le secteur maritime qui m’a attiré et que je trouve merveilleux. Maintenant je vais m’éloigner mais Concarneau restera mon port d’attache ; c’est aussi ici que ma famille s’est installée."
Fin de mandat
"Lorsque j’ai été élu en 2008 je ne savais rien de la politique ni du fonctionnement d’une ville. Je me suis jeté à l’eau et c’est un beau challenge où j’ai avancé et qui représente une bonne tranche de vie. J’avais déjà acquis mes droits à la retraite et j’ai pu m’investir dans ces deux mandats qui m’ont beaucoup appris.
Si je regrette le déclin de la pêche à Concarneau, qui entraine avec lui tout un secteur des pêcheurs aux mareyeurs, outre les évènements nautiques qui me tiennent à cœur et sont source d’attractivité et de dynamisme pour la ville, je suis particulièrement fier de la modernisation de l’aire de réparation navale à laquelle la ville a participé et qui est un outil indispensable à un secteur économique majeur à Concarneau.
Si je dois glisser un message à mon successeur c’est de garder un regard toujours positif vers le port et ses activités portuaires même si la Ville n’a pas toujours la compétence sur ces questions. La Ville reste présente et doit peser sur les décisions maritimes même au sein des nouvelles instances élargies."
Propos recueillis par Sea to sea