Actus maritimité

La femme et la mer

Journées des droits des femmes

En cette journée des droits de la femme, nous avons décidé de parler de cette relation parfois ambigüe qu’entretient la femme avec la mer, depuis les temps passés et jusqu’à nos jours. Ce petit article, vient seulement effleurer un sujet si vaste et passionnant qu’il mériterait des pages entières. Mais il s’agit ici d’inviter celles et ceux que le sujet intéresse à un début de réflexion.

Des débuts compliqués

Dans certaines cultures, les femmes ont longtemps été persona non grata dans le milieu maritime. La mythologie grecque, par exemple, regorge d’allégories féminines malveillantes provoquant le malheur, voire la mort, des marins. La figure la plus célèbre restant sans doute celui des sirènes (tantôt ailées, tantôt habillés d’écailles selon le pays d’origine du mythe) dont les chants auraient attiré les équipages jusqu’à leur trépas.

Il était aussi communément admis que les femmes portaient malheur à bord d’un bateau. Sources de discorde, elles faisaient tourner la tête des marins que les longues périodes de mer rendaient fragiles. Les femmes se voyaient attribué la cause de nombreux incidents dont les marins se rendaient victimes. Elles furent donc purement et simplement interdites à bord pour prévenir tout dérapage, accusées d’attirer le mauvais œil.

C’est une vision qui peut choquer aujourd’hui et certainement faire réagir : les femmes provoqueraient donc le chaos par quelque pouvoir de séduction, ne pouvant s’empêcher de déchainer les passions ? Elles charmeraient les marins, provoquant délibérément leur perte ? Tenue pour responsables, elles se retrouvaient aussi souvent veuves, ou abandonnées. Double peine. Alors, coupables ou victimes ?

Avec cela, vous vous en doutez, il était encore moins question de chercher à savoir si elles pouvaient être de bonnes navigatrices…

Les premières femmes marins.

Elles furent pourtant nombreuses à braver l’interdit et à montrer bien des talents dans cet exercice. Forcées de se travestir, les premières femmes navigantes s’impliquaient tout autant que leurs compagnons de route, passant inaperçues suffisamment longtemps pour profiter d’une véritable expérience de navigation. En témoignent de célèbres femmes pirates telles qu’Anne Bonny, Mary Read et tant d’autres qui ont su gagner le respect de leurs comparses et qui n’ont plus eu à se cacher par la suite. La reine des pirates, Grace O 'Malley parvint même à la tête d’une importante flotte Irlandaise au XVIème siècle.

Au-delà de la piraterie, de très nombreuses femmes ont marqué l’histoire maritime, traçant un sillage vertueux pour celles qui les ont suivies : Jeanne Barret, célèbre botaniste française, Anita Conti, première femme océanographe française ou encore Krystyna Chojnowska-Liskiewicz, « la première dame des Océans » qui fut la première femme à faire le tour du monde à bord d’un voilier (Les portraits de certaines de ces femmes sont illustrés sur notre page instagram)

Dans le domaine de la voile, la tendance s’est clairement démocratisée. Les femmes navigatrices se sont fait leur place et leurs palmarès n’ont pas grands choses à envier à leurs congénères masculins. La fiancée de l’Océan Florence Artaud a été la première à montrer la voie. Le dernier Vendée Globe a mis à l’honneur Clarisse Cremer, première femme à l’arrivée et a aussi largement fait échos de l’initiative remarquable de Samantha Davis, qui bien qu’ayant été disqualifiée en raison, s’est investie jusqu’au bout pour sauver 102 enfants aux côtés de l’association Mécénats Chirurgie Cardiaque. Dans le registre des records, on peut mentionner l’exploit de Laura Dekker, qui a fait un tour du monde à la voile en solitaire à l’âge de… 16 ans.


Aujourd’hui, la féminisation des métiers maritimes, un enjeu clef.

Mais il reste beaucoup à faire, et c’est encore plus vrai quand on commence à s’intéresser au maritime au sens large. Les femmes portaient malheur, maintenant on leur déroule le tapis rouge : les besoins de recrutement sont tels, on ne peut tout simplement pas ignorer la moitié des candidats potentiels. L’industrie navale par exemple connait un fort besoin de mains d’œuvre et ne compte à ce jour que 20% de femmes. La méconnaissance des métiers du milieu et le déficit d’image expliquent cela, mais cette disparité pointe aussi du doigt des problèmes réels et profonds : inégalité salariale, discrimination, harcèlement, environnement de travail non-adapté. Les industriels de la mer y travaillent et on conscience des enjeux pour l’avenir de la filière et pour sa croissance. Tous les pans de l’économie maritime sont concernés

L’égalité homme/femme est devenue le fer de lance national et européen des démarches RSE des entreprises ; et on constate d’ailleurs une évolution positive : le pourcentage de femmes qui embarquent dans des carrières maritimes augmentent (métiers navigants et surtout de production où l’on compte 40% à 60% de femmes). Des études révèlent aussi que les stéréotypes de genre inhibent les ambitions de certaines femmes. Là où on pousse les hommes à oser, à être audacieux, les femmes seraient plus orientées vers des choix de raison, familiales ou culturelles et rarement encouragées à envisager des pistes plus audacieuses. L’association Women In Seafood Industry déclare notamment qu’en 2020, le nombre de femmes occupant des postes de direction (exécutifs et non exécutifs) a certes progressé à 14 %, niveau jamais atteint, mais reste l'un des plus faibles des grands secteurs industriels : seulement 4% de femmes dirigeantes. Il y aurait beaucoup de schéma à reconstruire pour que les choses s’améliorent. De nombreuses initiatives commencent à voir le jour largement portées par le monde associatif. Le Cluster Maritime Français par exemple est mobilisé depuis plusieurs années sur le sujet de la mixité des équipes et l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes dans les entreprises de la filière maritime y compris à l’échelle internationale avec une collaboration étroite avec WISTA, réseau international de femmes qui occupent des postes à responsabilités dans le maritime. A l’appui des enquêtes réalisées dans le cadre de son observatoire « Cap sur l’égalité ! », le CMF vient de publier des fiches sur « les bonnes pratiques » à adopter.  Le CMF organise aussi l’évènement  « elles de l’océan » co-organisée par l’association Elles Bougent, qui mets en lumière les femmes du maritime.  L’association Atlantic Cities, réseau des villes littorales de l’Europe, mets en lumière les femmes du maritime à travers sa plateforme She4Sea à laquelle notre dirigeant Stéphanie Roos Faujour a d’ailleurs apporté son témoignage. Elle souligne notamment qu’aujourd’hui, les femmes ont leur place sans tous les pans du maritime. Même les sous-marins, dernier bastion qui leur était encore fermé, leurs sont aujourd’hui accessibles !

Si ces quelques lignes contribuent à vous y faire réfléchir, c’est déjà gagné pour nous. Chez Sea to sea, ce sujet est au cœur de nos valeurs et nous nous remettons continuellement en cause et observons avec attention le monde maritime évoluer à travers le prisme des enjeux contemporains. Nous nous adaptons, nous apprenons, nous racontons aussi, pour que nos clients et nous-mêmes contribuions à un monde plus juste.

Sources : 

https://www.isemar.fr/wp-content/uploads/2018/06/note-de-synth%C3%A8se-201-la-place-de-la-femme-dans-le-monde-maritime-fran%C3%A7ais.pdf 

https://www.cluster-maritime.fr/2020/10/22/bonnes-pratiques-egalite-professionnelle-hommes-femmes-les-fiches-du-cmf/

https://www.voyagespirates.fr/autre/journee-internationale-du-droit-des-femmes-6-voyageuses_16172

https://www.yacht-rent.fr/les-femmes-et-la-mer

 


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