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LORIENT-KEROMAN tient bon la barre

Le port de pêche de Lorient vient de faire le bilan d’une année 2020 pour le moins exceptionnelle. S’il reste le premier de Bretagne, la forte baisse des apports le classe cette année au second rang des criées françaises avec 17 898 tonnes pour un chiffre d’affaires de 64 millions d’euros. Les résultats de la pêche côtière et de bons prix (prix moyen en hausse de 3,11%), malgré la crise sanitaire, témoignent de la vitalité du port breton qui tient bon la barre.

Dans la tempête de la Covid… et du Brexit

Sans surprise, les volumes débarqués sont en recul de 19,64% avec une baisse modérée du chiffre d’affaires à -17,15% par rapport à 2019. Comme l’ensemble des criées françaises, Lorient a subi les conséquences de la fermeture des restaurants et des cantines et celle de certains marchés export.  Au plus fort de la crise, lors du premier confinement, la pêche hauturière a été fortement touchée : 8 063 tonnes contre 9 879 tonnes en 2019. Le port a accusé une baisse des apports en lieu noir, julienne, merlu, lotte et avait par ailleurs décidé en concertation avec l’ensemble de la filière, de stopper les activités de sa cellule d’approvisionnement pour ne pas concurrencer les productions locales. En 2019, les importations représentaient 5 596 tonnes contre seulement 3 524 tonnes en 2020. De nouveaux circuits d’importation les ayant remplacés, cela n’a cependant pas pu totalement freiner la chute des prix. La crise sanitaire est survenue après un hiver difficile et du mauvais temps. Avant le confinement du seul fait de la météo le port accusait une baisse de 30% des volumes, partiellement compensée par des prix plus élevés. Les ventes extérieures continuent leur lente érosion ; -33,38% en 2020 soit seulement 1 334. La diminution de ces apports qui ont représenté jusqu’à 5 000 t par an, pourrait s’expliquer aussi par une mesure ministérielle prise il y a plusieurs années pour réguler le marché du merlu, qui ne correspond plus aujourd’hui à la réalité du marché : partout en France on peut débarquer du merlu dès 6 heures du matin, à Lorient ce n’est possible qu’à partir de 9 heures. En raison du Brexit, les apports extérieurs ont la difficulté supplémentaire du contournement de l’Ecosse car les démarches douanières au Royaume-Uni posent problème. Mais de nouvelles lignes maritimes entre l’Irlande et la Bretagne devraient permettre de rapatrier plus facilement et plus vite le poisson en provenance d’Ecosse.

Pour la pêche côtière, les voyants sont au vert.

Les débarquements sont en hausse de +3,71 % soit 4 978 tonnes sous criée pour un chiffre d’affaires de 27,8 millions d’euros (+3,07 %). Des chiffres encourageants dus notamment à un début de retour de la langoustine, première espèce en valeur, avec un chiffre d’affaires de plus de 9 millions d’euros.  L’ensemble de la pêche côtière a bien fonctionné avec le maintien de l’ouverture des poissonneries, les actions de communication pour soutenir la pêche locale et une grande concertation entre les acteurs qui a permis de maintenir un écoulement des produits dans des conditions normales. Le dispositif mis en place par la préfecture réunissant tous les acteurs portuaires depuis le début de la crise a été efficace.   Ce mode de fonctionnement, cristallisé par le port, a permis d’identifier et de prendre en compte les problématiques de chacun des acteurs pour mieux travailler ensemble. Cette approche étendue à l’échelle régionale pourrait perdurer.

« Il faut essayer de repartir en 2021. »

Les chiffres de janvier 2021 montrent une progression de la pêche côtière avec langoustine dont la biomasse abondante se confirme. D’une manière générale la ressource se porte bien.  Il y a aussi plus d’apports hauturiers mais les prix restent bas et on rencontre des difficultés de mise en marché et de valorisation d’espèces comme la lotte. Tant que les restaurants seront fermés, le marché sera compliqué. Il est donc nécessaire d’aller à la reconquête des marchés permettant de retrouver des niveaux d’apports de l’ordre de 24 à 25 000 tonnes annuelles. Le port de Lorient est armé pour cela et travaille maintenant sur les prospectives futures.

 « Il faut essayer de repartir en 2021, » déclare le nouveau président de la SEM Lorient-Keroman, Olivier Le Nézet.  « 2021 sera une année de stabilisation suite aux négociations post-brexit. La demande a changé avec la crise Covid et le port de Lorient se recentre sur une consommation locale, propice au développement de la pêche côtière. Pour une consommation « de masse », Lorient attend de voir comment le marché va évoluer avec la réouverture des restaurants. Il faudra aussi prendre en compte les déplacements de la ressource liés au changement climatique : on voit par exemple arriver sur nos côtes du thon rouge qui suit la migration des anchois… »

Des investissements pour la pêche et la réparation navale

Des travaux de réfection sont nécessaires, car le port vieilli. Le port y veille et la mise en œuvre du PPI est actée. Malgré une baisse de l’ordre de 10% en 2020, sur un chiffre d’affaires global de l’ordre de 10 millions d’euros, la SEM Lorient-Keroman poursuit ses investissements. Ils concerneront en 2021 la réfection et l’amélioration de la production de froid dans la criée 4 pour environ 700 000 euros, la production de glace pour 3 millions d’euros, pour le mareyage et les navires et bénéficient d’une aide des fonds européens (FEAMP). Le déploiement de Kerport, l’outil informatique de gestion des flux et des contenants continue (700 000 euros).  La construction de l’unité de traitement d’eau de mer au pied de l’ancienne glacière est prévue pour la fin de l’année, financée par le Syndicat Mixte regroupant la Région Bretagne et Lorient Agglomération ; tout comme la construction des boxes pour les pêcheurs (550 000 euros).  Le plus gros des investissements, de l’ordre de 2 millions d’euros,  sera concentré sur l’aire de réparation navale avec la réfection prochaines des deux cathédrales dont l’une permettra d’effectuer des travaux abrités.

Lorient a une réelle volonté de développer le port de pêche mais aussi la réparation navale et notamment la rive gauche du Scorff ou l’activité a été très soutenue en 2020, enregistrant plus de 1 300 mouvements. Le ralentissement dû à la Covid a été vite rattrapé sur l’ARN avec un niveau d’activité équivalent sur l’anneau de Keroman de plus + 6000 jours de stationnement. La SEM Lorient-Keroman va donc investir près de 800 000 euros dans l’acquisition d’un nouveau chariot automoteur pour la réparation navale. Lorient Agglomération a par ailleurs voté cette semaine son budget 2021, qualifié par son président Fabrice Loher de « budget de combat contre la crise » et dans lequel 1 million d’euros seront versés à la SEM Lorient Keroman pour le nouvel élévateur à bateau qui remplacera l’actuel de 650 tonnes.

Consultez le dossier de presse 2021 : port de pêche de Lorient-Keroman, porteur d'avenir

Vous pouvez aussi revoir les chiffres de 2019 : Lorient-Keroman port de pêche du futur 2020-2021

 

 


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