La République des Seychelles compte 90 000 habitants et 115 îles réparties dans une zone économique exclusive, ZEE de 1,4 millions de km². L’Océan compose donc 99, 96% de ce petit pays de 455 km². Les Seychelles sont l’un des principaux ports de thon de l’Océan Indien, tous les ans 200,000 tonnes de thon transbordent au port de Victoria, le hub principal de la pêche industrielle au thon tropical. La pêche qui est le deuxième pilier de l’économie seychelloise derrière le tourisme, rapporte à l’économie du pays 266 millions d’euros par an, d’après les chiffres fournis par l’Autorité des pêches SFA. Les Seychelles sont l’un des 30 pays membres de la Commission thonière de l’Océan Indien qui représente 20% de la des captures de thon dans le monde. La CTOI prône une gouvernance régionale responsable et des mesures de préservation et de gestion durable des ressources. La France compte une quinzaine de thoniers senneurs (4 armements) dans l’Océan Indien, pêchant dans les ZEE de Madagascar, Maurice, Les Seychelles, Les Comores…
Le développement d’une économie verte et bleue, avec une priorité donnée aux deux secteurs clés, devra se faire avec la coopération des autres pays africains et le soutien d’investisseurs internationaux. « Les activités de pêche industrielle de thon à la senne ont commencé il y a près de trois décennies avec nos partenaires français et espagnols. Cela a conduit à la transformation de l'économie et a fait du secteur de la pêche un des piliers de notre économie. De nombreuses choses ont été réalisées, mais il reste encore à faire » a souligné le président de la République Seychellois, James A. Michel.
Pour Keith André, président de la FBOA, association des pêcheurs et armateurs à la pêche des Seychelles, « il est nécessaire d’exploiter durablement nos ressources et spécialement le thon, notre « blue gold ». Les décideurs doivent permettre aux entrepreneurs seychellois de profiter durablement de cette activité. Les Seychellois doivent être formés dans tous les domaines d’exploration potentiels et être prêts à prendre le leadership dans la gestion de ces ressources. » insiste Keith André. « La copropriété devrait être encouragée dans tous les investissements entre les Seychellois et des partenaires étrangers. Je crois fortement que c’est la voie à suivre pour les nouvelles Seychelles dont nous voulons tous faire partie. »
Le Président Michel a salué l’arrivée de SAPMER aux Seychelles et l’implantation d’Ile du Port Handling Services (IPHS) et Central Common Cold Store (CCCS), un quai dédié et un entrepôt frigorifique pour la pêche industrielle, premiers exemples d’investissements et de partenariats public-privé pour le développement des infrastructures dans la Zone 14 de l’île du Port.
Présenté par Arthur de Bretagne, Directeur général d’IPHS, Joint-venture basée aux Seychelles, ce partenariat consiste dans la construction et l’exploitation de 425 mètres de quai à l'Île du Port d’ici décembre 2015, et des infrastructures portuaires qui fourniront 5 points d'accostage, ouvert à tous les navires. L’objectif d’IHPS est d’offrir à terme un service premium d’accostage et de manutention aux armateurs à la pêche qui souhaitent débarquer à l’île du Port. L’investissement de 18 millions de USD (16M pour les quais et 2M pour les équipements) est réparti à 40% État seychellois, 40% Jaccar Holdings et 20% investisseurs seychellois. Les travaux ont été Inaugurés le 30 mai 2014 et 200 mètres de quais sont opérationnels depuis octobre 2015. C’est là qu’est basé le nouveau thonier de SAPMER qui exploite déjà 7 thoniers senneurs dans l’Océan Indien.
L’armement a donc dévoilé officiellement son huitième thonier-senneur surgélateur, baptisé Morn Seselwa. « Le nom du bateau est un message de l’armateur, pour dire qu’il est avec nous dans un partenariat sérieux, sincère et durable qui fera de Port Victoria le hub principal de transbordement de thon dans l’Océan Indien, » a déclaré le Ministre des pêches Peter Sinon lors de la cérémonie.
Construit par PIRIOU au Vietnam, ce thonier surgélateur de 80 m et d’une capacité de 1 520 m3 possède un design original avec une étrave légèrement inversée pour améliorer la tenue à la mer, les performances et le niveau de confort de l’équipage. Sa porte de bordée facilitera le déchargement. Sa plateforme sur le toit de la timonerie permet l’accueil d’un hélicoptère ou un drone. Enfin, une propulsion Diesel électrique lui offre des performances énergétiques très économiques. Le Morn Seselwa est le premier thonier senneur de SAPMER à battre pavillon Seselwa et il sera exploité dans l’Océan Indien à partir des Seychelles. À terme, SAPMER souhaite baser l’ensemble de sa flottille aux Seychelles.
Parmi les nombreux invités à la cérémonie, les élèves du Maritime Training Centre qui deviendront peut-être de futurs marins embarqués à la pêche thonière. Les Seychelles, qui souhaitent aussi développer leur propre flottille thonière, misent sur la jeunesse et l’éducation. Ils veulent former des chercheurs, des techniciens et des marins. Ce navire technologique témoigne de la modernité et de la volonté d’un développement durable de l’activité des pêcheries thonières françaises aux Seychelles. Le Parlement européen vient d’adopter le 13 janvier 2015 le rapport concernant l’accès de navires seychellois à une partie de la ZEE de Mayotte. Il concerne une dizaine d'armements thoniers qui restent écartés de la zone côtière, jusqu'à 24 milles de la côte. Les Seychelles et Maurice négocient actuellement leurs accords de pêche. Trois navires de SAPMER sous pavillon mauricien pêchent dans les eaux seychelloises.
Souvent critiquée par les ONGE, l’industrie s’attache à favoriser le développement de bonnes pratiques à l’instar d’Orthongel, l’association française des producteurs de thon surgelé et congelé qui conduit le premier programme d’observateurs avec les pays africains. Celui-ci pourrait permettre d’atteindre une couverture de 100 % en matière de surveillance des thoniers français opérant dans l’Atlantique et l’Océan Indien.