Plastic Odyssey se distingue des autres initiatives car elle veut agir à terre : « Chaque minute 20 tonnes de déchets plastiques sont déversées dans l’océan. Il faut faire en sorte que cela n’arrive plus, » explique Simon Bernard, à l’origine du projet. « Nous ne cherchons pas à nettoyer les océans – on y trouve peu de plastique à collecter en surface car il est dégradé en microparticules – Plastic Odyssey vise à fermer le robinet du plastique en réduisant son utilisation et en améliorant le traitement des déchets dans les pays qui n’ont pas de systèmes de recyclage. 80 % sont des pays à faible revenu. Le projet consistera à développer des systèmes de recyclage peu onéreux et open source en s’inspirant de procédés disponibles dans l’industrie. Nous allons les tester à bord de notre navire d’exploration en utilisant les déchets trouvés sur place et en travaillant avec les communautés locales pour les adapter au contexte du pays. »
Une plateforme de recherche pour créer des filières locales de recyclage
Il s’agit de faire connaître le projet et de disposer d’une plateforme de recherche avec des ingénieurs et une équipe technique. « L’expérimentation avec notre catamaran prototype Ulysse a démontré l’efficacité d’un navire ambassadeur en matière de communication. Nous avons agrégé des experts en recyclage, des gens qui avaient besoin de traiter leurs déchets et sommes parvenu à les connecter et à trouver des financements. Le vrai défi, c’est de créer des solutions qui fonctionnent techniquement et socialement, avec des besoins locaux. Le concept de low-tech n’est pas suffisant. Cela doit faire sens selon la culture locale. Mieux vaut créer un charbon vert que d’essayer de faire brûler du bois à des populations qui craignent la fumée ! »
Un ancien navire de recherche océanographique pour plateforme d’expérimentation
Le navire de 39 m de long pour 9,4 m de large a été convoyé de Hanstholm au Danemark jusqu’au port de Boulogne-sur-Mer l’automne dernier. Un ingénieur d’armement et un équipage de 3 personnes à temps complet réalisent certains travaux d’aménagement intérieur et les inventaires nécessaires pour définir le cahier des charges. L’équipe cherche en parallèle des prestataires partenaires pour réaliser les plus gros travaux. « Nous avons un accord avec un fournisseur en communication satellitaire, un prestataire pour la peinture et le bureau d’études Sofresid Engineering réalise les plans de transformation. Il ne nous manque qu’un chantier et 1/3 du budget (pour 5 ans) pour pouvoir partir. »
Un tour du monde avant l’automne 2020 en commençant par la Méditerranée. L’inauguration est prévue l’été prochain à Marseille à l’occasion du congrès Mondial de la Nature. C’est de là que partira le tour du monde avec une équipe mêlant marins, ingénieurs, scientifiques, bénévoles et cameramen. « La Méditerranée est la plus polluée en plastiques. Nous y avons identifié les premiers pays ayant besoin de solutions de recyclage : Liban, Egypte, Maghreb… Le Quai D’Orsay nous ouvre les portes des Ambassades pour bien préparer nos escales. Le chef d’escale doit tout organiser 6 mois à un an à l’avance : logistique, partenariats, financements, contacts sur place. Nous organisons des actions avec les écoles et le grand public, des visites et des échanges avec les ingénieurs locaux, les industriels, les politiques… un village de l’expédition permettra de sensibiliser le plus grand nombre. »
Une initiative qui trouve écho auprès des professionnels du maritime
Déjà plus jeune membre d’Armateurs de France, Plastic Odyssey intéresse des compagnies maritimes désireuses de tester des moyens de réduire l’impact environnemental des navires. « Nous voudrions que ce soit un outil pour le shipping de demain. Comment traiter les rejets de fumées, adopter un système de propulsion à voile ? … un laboratoire grandeur nature pour les navires de commerces. »
La passion des inventions et la sensibilité à l’environnement depuis à l’école.
4L Trophy ou fabrication d’un savon écologique…entreprendre et monter un projet de A à Z, trouver les pièces du puzzle pour faire soi-même, c’est ce qui motive Simon depuis l’enfance. L’officier de Marine Marchande formé à l’ENSEM a aussi testé l’aventure solidaire avec Nomade des Mers. « Cette expérience avec Corentin a été déterminante. Elle allie tous les ingrédients : naviguer, trouver des solutions à des problèmes environnementaux et participer à une expédition. Je dois aussi une fière chandelle à la fondation Explore de Roland Jourdain. Associer le monde des explorateurs et celui de l’entreprenariat social, c’est vraiment ma vocation. »