18,6 millions de personnes meurent par manque d’accès aux soins chirurgicaux
L’ONG Global Mercy, basée sur les valeurs chrétiennes, a été fondée par Don Stephens en 1078. Don a fait ses études à la Colorado Mesa University où il a rencontré Deyon, une jeune infirmière devenue son épouse depuis bientôt 57 ans. Le couple, qui a élevé quatre enfants et a aujourd’hui cinq petits-enfants a vécu toute une vie de missionnaires au service des autres, partout dans le monde. Don a visité plus de cent nations mais a un attachement particulier avec l’Afrique
Lorsque l’on demande à Don à quand remonte cette idée de construire un navire hôpital, il répond que la raison la plus marquante est sa rencontre avec Mère Theresa, à Calcutta, en 1977. Elle a provoqué des interrogations fondamentales sur le sens à donner à sa vie. « J’ai raconté à Mère Theresa que j’avais rêvé d’un navire hôpital au service des plus démunis, raconte-t-il. Elle ne m’a pas ri au nez. Elle a ajouté que pour faire un tel rêve, je devais avoir un lourd fardeau à porter. Tout le monde a des souffrances, mais en me questionnant ainsi Mère Theresa m’a permis de comprendre que réaliser ce rêve m’aiderait à supporter la mienne. Ma douleur, c’est le troisième de mes quatre fils, Jean-Paul. Il est autiste et ne s’exprime qu’à travers quelques signes, sans jamais dire un mot. C’est un garçon merveilleux qui a aujourd’hui 45 ans et vit toujours à la maison. Mais alors, il n’était qu’un petit enfant. Aucun parent n’est préparé à cela. Que faire de cette douleur ? Lorsque j’en ai parlé à Deyon, de retour à Lausanne où nous vivions, elle m’a dit : « Don, You’d better look for ships. » C’est comme cela que cela a commencé. »
Don et Deyon Stephens se sont lancés dans l’aventure de la fondation Mercy Ships avec le soutien d’une banque suisse qui leur a permis d’acquérir et de transformer un premier navire, l’Anastasis. Ils se sont inspirés du travail du navire-hôpital international de la marine américaine SS Hope. L’ancien paquebot de 160 mètres était équipé de trois salles d’opération, d’une clinique dentaire, d’une machine à rayons X, d’un laboratoire et de 40 lits pour les patients. Il est resté en service pendant plus de 30 ans jusqu’au lancement, en 2007 de l’Africa Mercy qui a marqué un tournant pour l’ONG qui noue des partenariats importants avec l’Afrique. 15 ans après, la Global Mercy rejoindra aussi les côtes Africaines et le port de Dakar où sa mise en service sera officialisée par le gouvernement sénégalais et le président Macky Sall le 24 mai prochain. Depuis 2019, Mercy Ships a mis en place des accords de sièges illimités avec 15 nations africaines lui permettant d’opérer depuis le Sénégal. Mercy Ships travaille aussi avec l’OMS et les ONG locales. Le Global Mercy accueillera d’ailleurs au même moment plus de 200 experts de 47 pays qui réfléchissent à la manière de développer la chirurgie sur le continent africain et le 25 mai 2022 « la déclaration de Dakar » sera signée à bord.
Les tous premiers patients dont se souvienne Don sont des triplés atteints d’une cataracte les rendant aveugles de naissance. Leurs parents les avaient amenés à bord depuis Mexico. « Après l’opération, raconte-t-il avec émotion, c’était merveilleux de voir les larmes couler des yeux de ces enfants alors qu’ils voyaient leur mère pour la première fois. » Depuis, des milliers de patients ont pu être opérés et soignés à bord des navires de l’ONG. L’arrivée du Global Mercy en Afrique va permettre de doubler le nombre de patients soignés gratuitement chaque année. « Des centaines de milliers d’africains en ont besoin, explique Don. Pour diverses raisons, à cause des maladies, des blessures, des conséquences des guerres… Chaque année, 18,6 millions de personnes meurent par manque d’accès aux soins chirurgicaux (dont 93 % en Afrique). Cela représente donc un grand espoir pour les nations africaines dont une grande partie de la population vit avec moins d’un ou deux euros par jour. »
Plus de 600 bénévoles à bord de l’hôpital flottant
Avec ses 174 mètres de long et 28,6 mètres de large, le Global Mercy, navire sous pavillon maltais, a une capacité de d’accueil de 641 personnes, incluant l’équipage, pour travailler, soigner et vivre à bord, seul ou en famille. En service, près de 950 personnes pourront se trouver à bord. Répartis sur les ponts 3 et 4 du navire, l’hôpital dispose d’équipements à la pointe de la technologie pour diverses interventions de chirurgie ophtalmologique, dentaire, obstétricale, orthopédique, de reconstruction... dont 6 salles d’opération. Il dispose de 102 lits de soins actifs et de 7 lits pour les soins intensifs ainsi que la possibilité de déployer 90 lits supplémentaires pour les accompagnants par exemple.
L’ONG a aujourd’hui besoin de centaines de bénévoles, en particulier francophones, disponibles pour tous les postes : électriciens, soudeurs, charpentiers, marins, cuisiniers, infirmiers, personnel d’entretien... La France est connue pour être la plus grande nation pour l’action humanitaire. C’est la raison pour laquelle la fondation ouvre grand ses portes aux mécènes et bénévoles français, au travers de Mercy Ships France, dont le président, Antoine Bertreux et son directeur, Lionel Larribau travaillent sans relâche pour attirer les vocations.
Des Français dans l’aventure
Nous avons rencontré Corentin et Bruno qui étaient les seuls bénévoles français à bord à Rotterdam. Bruno Jonathan, 26 ans était lieutenant à bord, en charge de la conduite et de la maintenance du navire. Cet officier polyvalent formé à l’ENSEM, a effectué la traversée depuis la Chine avec le capitaine Taylor Perez, six membres de Mercy Ships et un équipage chinois. La traversés a été mouvementée, dans des conditions particulièrement difficiles, en raison de la pandémie de Covid19, d’une météo peu clémente – le navire a traversé un Typhon – et de la barrière de la langue. Mais cela fut pour Bruno une expérience inoubliable à un tournant de sa vie professionnelle et personnelle.
Étudiant en troisième année d’ingénieur à Marseille, Corentin Gourc, 20 ans, s’est engagé à bord du Global Mercy pendant son année de césure après avoir découvert l’ONG au travers des réseaux sociaux. Il a embarqué à l’arrivée du navire à Rotterdam et va rester jusqu’en juillet. Le jeune homme cherchait une ONG faisant sens, proche de ses valeurs chrétiennes et où il pouvait se sentir utile. « Je me suis dit que c’était vraiment une super opportunité et un projet de dingues, alors je me suis lancé, » dit-il avec le sourire.
« En tant que membre du personnel d’entretien, j’ai un peu des horaires de bureau, du lundi au vendredi de 8 à 17h avec une pause pour déjeuner. Après le petit-déjeuner au réfectoire on commence la journée par un meeting d’équipe pour s’organiser. On a douze étages à nettoyer, indique-t-il. On se répartit deux ou trois decks par équipe de deux. J’ai aussi la chance de pouvoir faire la traversée jusqu’à Dakar. La plupart des bénévoles restent à quai ! Ici j’ai beaucoup appris sur la vie en communauté. On partage tous les espaces. Il y a une trentaine de nationalités à bord, des cultures et des façons de penser différentes. Cela nécessite de s’adapter mais c’est très enrichissant. Je me sens vraiment utile. Même si je ne suis pas chirurgien, j’apporte ma contribution. On reçoit tous les jours des marques de reconnaissance sur notre travail. Même si ce n’est pas avec des postes à responsabilité, c’est très valorisant et j’encourage vraiment ceux qui le peuvent à s’engager pour l’ONG. J’espère pouvoir revenir plus tard en tant que personne qualifiée. »
Pour en savoir plus, découvrir le navire, s’engager…. https://mercyships.fr
Pourquoi devenir bénévole dans le plus gros navire-hôpital du monde ?
Le Global Mercy bientôt en service
Le Global Mercy, plus gros navire-hôpital au monde, construit dans les chantiers CSIC de Tianjin Xingang en Chine pour l’ONG Mercy Ships, avait accosté à Rotterdam le 26 février dernier. Pendant plus de deux semaines, il a accueilli à son bord plus de 6000 visiteurs et donateurs avant de faire route vers l’Afrique via Ténériffe ou il achève actuellement son armement. Sea to sea a pu le visiter et y rencontrer les bénévoles de l’ONG et son fondateur, Don Stephens.