Nourrir la planète avec un produit sain, loyal et marchand.
Faisant référence au programme de développement durable de l’ONU approuvé en septembre dernier, Blue Fish a rappelé plusieurs de ses objectifs majeurs impliquant le monde maritime parmi lesquels l’objectif 2 : « Éliminer la faim et assurer la sécurité alimentaire » et l’objectif 14 : « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ». Pour l’ONG, ces deux objectifs ne doivent pas s’opposer et il est possible de concilier le développement soutenable des activités humaines et la nécessaire protection des milieux fragiles, en n’excluant personne.
Les pêcheurs observent depuis toujours des phénomènes cycliques dans le réchauffement des eaux, la migration des espèces, sans savoir pour autant en attribuer la cause. Ils constatent aujourd’hui leur accélération et en sont les premières victimes. Depuis longtemps ils ont fait évoluer leurs engins, développer la sélectivité et mis en œuvre des mesures pour une gestion durable des ressources et pour la préservation des écosystèmes. Comme l’a rappelé Soazig Le Gall-Palmer, directrice de l’armement Bigouden, déjà « la flotte de pêche française a été réduite de 39% entre 1990 et 2015, contribuant à réduire l’effort de pêche mais aussi les émissions de gaz à effet de serre. » Il convient aujourd’hui de rappeler le rôle nourricier de la pêche et de permettre au secteur d’assurer l’approvisionnement en produit sain, loyal et marchand.
Une gouvernance équilibrée des océans
Yan Giron, expert de la gouvernance mondiale des pêches, a montré au cours de la conférence comment « la mer est un enjeu stratégique pour répondre à la demande croissante en protéine animale. 4 pôles absorbent 61% du commerce mondial des produits de la mer, soit 20% de la consommation humaine et nous sommes de plus en plus dépendant des importations. » « La mer, souligne aussi Yan Giron, est aujourd’huiun espace partagé par de multiples usages. » Certains espaces sont historiques, comme la pêche et l’aquaculture, d’autres concurrentiels en matière d’espace, ou nouveaux, comme les cultures en eaux profondes, l’aquaculture ou les EMR… Ces activités impliquent de nouveaux modes de gouvernance et de protection des océans, dans laquelle la pêche a toute sa place. Pour Blue Fish, « la protection des mers passe d’abord par la prise réelle de mesures à terre. N’oublions pas que 80% de la pollution des océans vient de la terre. » Dans le cadre de mesures de conservation, il est fait de plus en plus appel à la notion d’aires marines protégées voire de zones spéciales de conservation.Pour l’ONG, « ces espaces peuvent être un bouclier écologique en zones côtières, permettant notamment de garantir la qualité des eaux et la préservation des écosystèmes fragiles. »
Impliquer les territoires et les communautés de pêche
Larhsen Ababouch, Directeur de la Division Pêche et Aquaculture de la FAO a rappelé que « 17 à 18% de la protéine animale proviennent de la pêche et peut atteindre 60% dans les zones côtières et les pays insulaires »« Nourrir la planète est défi encore plus important dans le contexte du changement climatique qui fragilise davantage les communautés de pêcheurs. Des mesures d’adaptation et d’attenuation impliquant le secteur de la pêche sont indispensables. Alors que les zones côtières sont sous pression de plusieurs secteurs, le continuum entre océans et territoires est de plus en plus important ». S’appuyant sur un code de conduite pour une pêche responsable de la FAO, M. Ababouch a souligné que « l’interaction entre les professionnels de la pêche et les autres secteurs a un rôle clé dans la gouvernance pour assurer la pérennité et la durabilité de la ressource. Dans ce contexte le rôle des ONG comme Blue Fish, qui intègrent ces différentes problématiques, est essentiel. » Il a d’ailleurs invité l’ONG a engagé des travaux communs avec la FAO en prévision de la COP22 qui aura lieu en 2016 au Maroc.
Tamara Guirao, coordinatrice de la Conférence des villes de l’Arc Atlantique, rappelle que « toutes les villes de l’Arc Atlantique sont associées au pacte des Maires pour le climat et se sont engagées à réduire de 20 % leurs émissions à l’horizon 2020. Il faudrait, selon elle, négocier un volet maritime à cet engagement. La stratégie de développement intégrée de la ville, implique d’inclure les communautés de pêche dans les évolutions liées aux changements climatique. Cela représente une opportunité de repenser le territoire et de tisser de nouveaux liens entre la terre et la mer, notamment en tirant profit de l’expérience du secteur de la pêche, acteur social et culturel, acteur environnemental et acteur économique. »
Trois projets pour répondre au défi climatique
Blue Fish a annoncé sa contribution à travers la mise en œuvre en 2016 de trois projets pour la préservation des océans, l’amélioration des connaissances du monde maritime et la valorisation du rôle sentinelle qu’occupent les territoires et les communautés de la pêche. Blue Fish Data, est basé sur la science participative et le partage des observations des pêcheurs et des gens de mer sur les effets du changement climatique. Leur contribution permettra d’aider les scientifiques pour une intelligence collective de la mer liée au climat. Le Ruban vert de la pêche durable est destiné à encourager et à récompenser les meilleures pratiques en Europe sur les trois piliers du développement durable. Les pratiques favorisant la limitation des émissions, par exemple, entrent dans les critères d’éligibilité. Enfin le projet Plages propres et protection de la ressource, lancé avant l’été et mené en lien avec la Coopération Maritime, est une opération associant les professionnels de la pêche qui ramènent les déchets trouvés en mer et le public sur les plages. L’opération nationale de nettoyage et de collecte qui sera lancée avant l’été 2016, vise à sensibiliser le public aux effets de la pollution maritime et terrestre sur le littoral pour agir sur les origines et sur la cause des pollutions.
Communiqué de Blue Fish le 14 décembre 2015